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Terra Mea lance une méthode innovante d’analyse de sols

« Nos analyses mesurent la microbiologie du sol, distinguent les grandes familles ainsi que les organismes actifs, inactifs ou morts », explique Matthieu Dubernet, responsable du groupe Laboratoires Dubernet et de la filiale Terra Mea.

La nouvelle méthode d’analyse de la vie des sols, 3-Biom, à même d'« ouvrir des perspectives d’application considérables », a été présentée officiellement mardi 16 mai par Terra Mea, société spin-off du groupe Laboratoires Dubernet. Entretien avec Matthieu Dubernet, le responsable de l’entreprise.

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En quoi votre méthode d’analyse 3-Biom est-elle disruptive ?

Matthieu Dubernet : Avec notre dispositif, nous mesurons au sein de Terra Mea, de façon directe, rapide et précise, les niveaux de présence des champignons, bactéries et protistes du sol, en distinguant les organismes actifs, métaboliquement inactifs ou morts. Cette approche apporte beaucoup plus d’informations que les analyses classiques de microbiologie et le supplément d’information que nous apportons est primordial. Un même niveau d’activité biologique peut en effet recouvrir des réalités très différentes sur la fertilité des sols, la santé des cultures ou le stockage du carbone, selon les microorganismes qui sont à l’œuvre.

En quoi l’activité biologique est-elle différente selon les microorganismes ?

M. D. : Les champignons semblent par exemple être très efficaces pour stocker durablement de la matière organique dans les sols. Les bactéries mobilisent beaucoup d’azote et la mesure des quantités de bactéries mortes ou vivantes fournit des renseignements précieux sur la disponibilité de l’azote dans un sol. Les protistes semblent jouer quant à eux le rôle « d’arbitre » dans l’équilibre de la vie d’un sol, notamment par la fonction prédatrice qu’ils exercent sur les bactéries. La méthode que nous déployons permettra d’éprouver ces hypothèses, et ensuite de pouvoir adapter les pratiques pour gérer au mieux ces grandes fonctionnalités. Un agriculteur ne cultive pas seulement des plantes. Il cultive un écosystème qui constitue 40 % de la biomasse continentale. Il s’agit donc d’une part essentielle du fondement de la biodiversité mondiale. En mesurant cette biomasse, on permet aux producteurs de la « toucher du doigt » et d’en prendre réellement conscience. « On ne gère bien que ce que l’on mesure », disait Lord Kelvin. On ne parlera bien et on ne travaillera bien autour du sol que si on peut le mesurer.

Quelle technologie avez-vous mise en œuvre ?

M. D. : Nous nous sommes appuyés sur la technologie de la cytométrie de flux à haute définition, utilisée principalement dans le secteur de la recherche biomédicale. Cette technologie que nous avons adaptée pour l’analyse des sols, apporte de la précision, de la rapidité et de la simplicité. La rapidité est importante dans ce type de mesure, car la microbiologie des sols peut varier d’un facteur deux à cinq en quelques jours. Par ailleurs, cette rapidité d’analyse nous permet d’industrialiser l’analyse et de réduire les coûts. La simplicité de la lecture et de l’interprétation de ces résultats est un autre atout.

À qui s’adresse votre innovation ?

M. D. : La méthode d’analyse servira à plusieurs choses, à des échelles de temps différentes. D’une part, elle répond dès à présent à une demande des agriculteurs qui souhaitent mieux connaître leurs sols en termes de microbiologie. En parallèle, nous visons d’ici deux ans à l’établissement d’une cartographie de la vie des sols français, basée sur 20 000 analyses que nous réalisons en partenariat notamment avec des grandes coopératives. Notre méthode d’analyse des sols est aussi également destinée à nourrir des programmes de recherche. À terme, nous pourrons faire des corrélations précises entre différentes fonctionnalités comme le stockage de carbone, la microbiologie et les pratiques. L’enjeu est également de trouver des corrélations entre la qualité des récoltes et la qualité de la vie microbiologique, comme nous l’avons déjà fait pour le secteur du vin. L’analyse de la vie des sols ouvre des perspectives d’application considérables. Nous avons certainement devant nous pour vingt ans de recherche et développement en ce sens.

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